En quelques lignes tu voudrais décrire ta vie, tu rêves pauvre rêveuse. Il y en a bien des choses qui te creuse. Tu aurais aimé qu'il n'y ait rien à raconter même en creusant. Rien à dire, rien pour souffrir. Raté, ton existence se résume à plusieurs lignes, tellement plus. Des lignes qui se croisent, qui s'écrivent les unes sur les autres ou encore qui sautent. Et d'autres qui partent dans tous les sens. Surtout dans les mauvais sens. Longtemps, tu as pensé que ta vie n'avait pas de sens. Maintenant tu lui en donne un. Peut être pas le bon mais au moins il y en a un.

Xiong Li Juan de ton vrai nom, tu es née à Xian, tu ne connais que Xian. Tu étais une si jolie petite fille mais la loi de l'enfant unique à eu raison de ta beauté. Tes parents ils voulaient un garçon. Un garçon qui deviendrait un grand et beau jeune homme, fort, qui réussirait dans la vie. Toi tu pourrais réussir oui mais pas comme lui. Père et mère ils t'aimaient. Ils s'étaient résignés.
Ton frère aussi est né à Xian, il ne connait que Xian, il ne te connait même pas. De la résignation à la stupéfaction. Ta mère enceinte. C'est un garçon. Toi tu n'en es pas un. Toi tu deviens le deuxième enfant, l'unique c'est lui. C'est ici que l'histoire de ta vie se termine.


Durant des années, tu fais toujours le même cauchemar, celui de ta vie qui s'enfuit. Il vient te voir, encore? Oui encore et encore, toujours le même. Il te répète qu'une fin c'est le début d'une autre. Le début d'une nouvelle vie. Il est très calme, très philosophe. Il a toujours les mots justes. Le juste mot. Lui c'est ton père d'adoption. Tu dis de lui qu'il est ton père de substitution et toi sa fille de substitution. C'est faux, qu'il te dit mais c'est vrai que tu lui ressemble. Quant il t'as vue il a vue sa fille perdue. Quand il t'as su abandonnée il a su qu'il ne pouvait pas abandonner. Cet homme t'a recueillie comme on cueille une fleur au bord du chemin. Tu ne pouvais plus éclore dans ton quartier de naissance. En grandissant tu es devenue une mauvaise herbe, rebelle, révoltée, abîmée. Tout était de sa faute, de quel droit te coupait-il de ta famille ?


Aujourd'hui, plus un cauchemar. Rien n'est de sa faute, rien n'est ta faute. Tu en as mis du temps pour comprendre. Ce n'est pas le temps qui compte, ce qui compte c'est d'avoir compris qu'il te dit. Tu lui dis tout, tu lui dois tout.
Cet accordéon entre tes mains il voulait l'offrir à sa fille à sa majorité.
Il ne pensait pas que sa fille avait une si belle voix. Tu joues de tes deux instruments pour lui avec lui. Ainsi va la vie.

Tu as du public, tu as un public. De ce public, le tiens, tu te souviens de deux visages. Se sont de ceux qui marquent un tournant dans ta vie. De ceux que l'ont voit même les yeux fermés, d'abord la Grande Dame, celle qui te propose de la suivre. Celle que tu suis pour devenir une Belle Dame. Une Dame que tu ne deviendras pas. Ensuite, ce jeune homme qui dit être hypnotisé par ta voix à chaque fois qu'il te voit. Cet homme qui a les yeux de ta mère, Xiong le nom de ton père, la même différence d'âge que tu dois avoir avec ton inconnu de frère. C'est ton frère, il n'a pas connaissance d'avoir une sœur. Le cadet est la réussite espérée par les parents. Il te raconte son parcours, entre les mots de son long discours tu y vois la justification de ton abandon. inconsciemment, il leur donne raison. T'es consciente que tu perds peu à peu la raison.

Déraisonnable, tu laisses ta place au théâtre pour rejoindre les rangs du Lotus Rouge. Tu veux de la reconnaissance, tu veux de la prestance. Que tes parents regrettent leur ingérence. Tu veux que ton élégance surpasse la puissance de ce frère qui est à l'hôtel.