Le mot d’ordre dans ton esprit, celui que personne ne peut entrevoir, serait de ne pas se laisser charmer par ton ton de voix amical et ton regard bienveillant. Il n’y a pas de meilleur paradoxe que celui que ton obscurité intérieure peut offrir sous cette épaisse couche de sourires insistants et de rires contagieux. Tu es malin janssen. Bien trop malin pour rester ce simple dealer qui travaille dans le bar tabac du coin quand il n’a pas cours. T’es le mec du campus étranger que tout le monde aime spotted sur les réseaux sociaux, que tout le monde regarde avec ou sans discrétion. Ta clope coincée derrière ton oreille, ton mètre 93 et la blondeur de tes cheveux ne font pas inaperçus, et ton accent étranger non plus d’ailleurs. Ton beau-père t’a fait parler le chinois de suite et pourtant cette différence fait partie intégrante de ton charme légendaire. T’es le type cool de la fac quoi. Celui qui prend les cours et qui les poste sur le groupe de ta promo, celui qu’on voit toujours aux pauses, dehors en train de faire résonner sa voix rauque sans discrétion, celui qui a toujours un joint fraichement roulé dans sa trousse de toilettes et qu’on invite absolument aux soirées étudiantes. Pourtant cette apparente gentillesse et ce côté « relax » n’est qu’une toute petite partie de l’étude que tu pourrais offrir à des spécialistes. Parce que tu es malade janssen. Depuis qu’t’es tout petit d’ailleurs. Parfois tu cries et on ne sait pas trop pourquoi. Parfois ton poing heurte violemment le mur porteur de ton appartement et ça te fait mal, mais pas physiquement, surtout intérieurement en fait. Les détraqueurs de l’hôpital, ils appellent ça des troubles de la personnalité, toi, t’appelles ça juste ton caractère. Du coup tu fais des trucs bizarres. Une fois, quand t’avais 14 ans tu t’es mis à étudier la Bible parce qu’une voix dans ta tête t’avait demandé de le faire, considérant que c’était important. Puis ensuite t’as jeté ce bouquin de profanes qui ne t’apprenaient pas du tout la vie et quand t’as eu 18 ans, tu t’es mis à vendre de la came que tu fabriques dans le sous-sol du tabac où tu travailles en collaboration avec ton employé et ami fidèle à qui tu payes une prime de risque. Tu vois janssen, t’es pas un type normal comme tu laisses le croire. T’es d’ailleurs, certainement la plus grosse ordure de la ville. Tu ne tues pas les gens toi, tu préfères les pousser à bout et leur faire comprendre qu’ils ont choisi de se mettre dans cette situation de trafic pour toi, et que maintenant ils ne pourront plus en sortir. Du lavage de cerveau. Un fléau que tu maitrises à la perfection et qui a conduit jusque-là à 3 suicides parce que tes sbires n’en pouvaient plus d’être sous ton joug doux qui s’appuie sur l’empoisonnement et la confiance. Parce qu’en vérité, sous ce visage angélique de mec du nord qui amène la fraicheur d’une autre culture, tu es un sadique qui manie la parole comme personne, qui ne menace jamais mais qui fait atrocement peur. Une fois qu’on a signé pour toi, c’est comme si on avait donné notre âme au diable sauf que toi, t’es bien réel. Et où qu’on puisse aller, tu pervertiras notre vie et tu nous retrouveras, protégé par ton plus grand atout : l’anonymat.