S'il était un personnage de roman, il serait « Le Petit Prince ». Il est forgé à l'image d'un flocon lors de la première neige. Trop pur, trop innocent bien loin d'imaginer sa triste finalité ; celle de s'écraser contre le sol intransigeant de la terre.
Il n'a besoin d'être proche des autres pour que l'on réalise à quel point il est délicat. Ses gestes, sa manière d'agir, le choix calculé et réfléchi de ses mots d'une manière presque phobique suffisent à réaliser que derrière son apparence de prince-tempête se cache l’œil du cyclone. Il juge très vite, accorde sa confiance aussi banalement que de dire bonjour et revient difficilement sur ses acquis. Sa naïveté va de paire avec sa bonté et son cœur grand ouvert. Ses yeux d'enfant ne savent reconnaître le mal, ou plutôt le méprennent pour le bon. Il se fait souvent reprendre par ses amis ou ses proches, mais ne sait pas distinguer la gentillesse de la mesquinerie mais surtout il est incapable de haïr. Il est trop bon, trop affectueux de la nature humaine pour en imaginer les vices, préférant se fatiguer à trouver des justifications plutôt que d'accepter la vérité.
Et parallèlement, sa douceur et sa voix fragile quant à elles donnent cette impression menaçante, ce besoin irrépressible, celui de vouloir à tout prix le protéger du monde comme s'il pouvait à tout instant s'évaporer tel la neige au soleil.

Sa peau est laiteuse et lisse, sa silhouette gracile et ses mèches décolorés lui permettent de se distinguer de la banalité asiatique. Paradoxalement à son caractère qui est fait pour plaire et se fondre dans la masse, son charisme en est à glacer le sang et son sourire est onirique. Il attire naturellement l'attention tandis que ses deux orbes reflétant la nuit contrastent avec le soleil de ses cheveux.

Et son plus grand désir, c'est celui d'être reconnu. Il est en quête absolue de reconnaissance, il essaie  désespérément qu'un jour les yeux de sa mère se pose enfin sur lui. De ce fait il a toujours essayé de se démarquer, de l'excellence scolaire jusqu'au talent artistique. Portait parfaits, paysages majestueux et la victoire de dizaines de trophées sont les preuves de ses lourds efforts. Malgré tout, il a essayé en vain d'atteindre la perfection en réalisant que coups de crayons furent uniquement en mesure de décrocher le mépris de sa génitrice. Aveuglé par la haine de son époux, elle laissait alors l'âme brisé d'un enfant en manque de repère et de chaleur maternelle.

Tant s'était-il obsédé de l’intérêt de celle-ci qu'il en avait oublié sa propre personne ; de son amour propre jusqu’à sa personnalité. L'amour maternel lui est aussi inconnu que l'amour romantiquement parlant. Jamais ses lèvres n'ont elles frôlés celle d'une autre, bien trop timide, pudique et incertain. Il ne s'est jamais intéressé aux autres femmes ni imaginé l'éventualité d'éprouver quoi que ce soit pour un homme, jusqu’à sa rencontre avec le démon.