Bai Kashi, née de l'union d'un ancien membre des services secrets indien, et d'une étudiante indienne et chinoise venue étudier en Inde après avoir fait une grande partie de ses études à Berlin, une union peu probable qui a pourtant conduit à un mariage et à la naissance de Kashi. La famille n'est pas restée longtemps en Inde, à Chennai où ils s'étaient installés pour un temps et là où la petite fille est née. Le père avait demandé à quitter le bureau pour retrouver une vie stable dans la police indienne avant de demander une mutation en Allemagne, là où une partie de la famille de sa femme vivait. Ils déménagèrent alors à Potsdam, non loin de Berlin où la mère de Kashi pu aller donner des cours dans l'Université Libre de Berlin tandis que le père travaillait à Potsdam même. Kashi était bonne élève, attentive, quoique un peu casse-cou et du genre à s'attirer des ennuis avec ses camarades. Déjà jeune, elle montrait déjà des signes d'intérêt pour le sport mais surtout pour le combat ainsi que les forces de l'ordre, ne pouvant s'empêcher de s'intéresser sur ce que faisait son père  ; ce dernier ne faisant pourtant que peu de choses à Potsdam.

« Il y a une chose qu'un jour elle m'a raconté, je ne sais pas si ça vous intéressera, probablement non, mais je trouve l'anecdote drôle. Elle était arrivée vers sa mère, après avoir visité un temple dédié à Vishnu, en lui racontant que Vishnu lui avait parlé. Et je me souviens clairement de ce qu'elle m'a dit après, que sa mère l'avait regardé comme si elle était devenue folle avant de lui dire que Vishnu ne parlait qu'aux élues, et qu'elle n'en était pas une puisqu'elle ne vivait pas ici, et qu'elle ne priait pas pour Vishnu. Après ça, elle m'a dit 'Je ne priais peut-être pas pour Vishnu, mais je croyais en son existence, et la voir me dire ça, c'était comme me dire que je n'étais pas assez bien pour être vue des dieux. C'est tuant quand tu y crois.' Elle était tellement triste quand elle m'a dit ça, presque autant que quand elle a quitté le bureau, la dernière fois que je l'ai vue..  »

Les vacances étaient réservées à des voyages pour retourner à Chennai, chez les grands-parents paternels de Kashi. Ces derniers emmenaient la petite visiter les lieux de cultes de la ville, lui apprenant alors le panthéon hindou dans lequel elle commençait petit à petit à croire jusqu'à devenir une véritable croyante, priant pour Shiva, Vishnu, Brahma, Ganesha et savoir comment donner des offrandes. Elle perfectionnait son indien également, apprenant ainsi à le parler couramment, comme pour l'Allemand qu'elle perfectionnait lorsqu'elle revenait à Potsdam. Sa mère lui apprenait le chinois, quand la petite n'était pas trop surchargée. Néanmoins, elle ne rencontra qu'une seule et unique fois sa famille maternelle qui habitait dans une ville en Chine, Xian et qui n'était pas si facile d'accès. Elle la rencontra à ses quinze ans, lorsqu'ils avaient fait le déplacement à Chennai. Une famille un peu particulière, ce n'était que peu de le dire. Elle garda contact avec une de ses cousines et un cousin, bien qu'elle essaya tout de même de garder contact avec ses grands-parents également.

Kashi passa ses études en Allemagne, devenant polyglotte grâce à sa bonne mémoire et même si elle était une bonne élève, elle n'en restait pas moins une turbulence. Son père du, plusieurs fois, aller la chercher au commissariat parce qu'elle avait trop bu et qu'elle était encore mineure. Elle s'en fichait pas mal, au fond. Ca la faisait assez rire de voir son père essayer de s'énerver contre elle par rapport à cela alors qu'au final, il finissait par rire, même si l'heure assez avancée était un critère à une engueulade profonde. C'était avec sa mère qu'elle eu des différents, lorsqu'elle se plaça dans sa période adolescente. Elle ne la comprenaient pas, elles ne se comprenait pas. Elle préférait être avec son père avec qui elle avait une affinité plus grande et qu'elle comprenait beaucoup mieux.   C'est d'ailleurs par inspiration pour son père qu'elle rentra à l'école de Police de Berlin, passant ainsi major de sa promotion au bout de ses trois ans de formation. Mais au lieu de continuer en travaillant à la Police Berlinoise, elle se présenta au siège d'Interpol à Bruxelles. Son dossier fut examiné et en quelques mois, lorsque ses 21 ans sonnèrent, elle intégra Interpol, bien qu'habitant à Berlin. Et ce fut le début d'un travail qui lui prit cinq ans de sa vie, généralement assez loin de sa famille.

«  Kashi, Kashi, Kashi.. C'était ma première année en tant que chef d'équipe, et elle était l'une des nouvelles recrues, une tête brûlée, je vous jure. Quand elle m'a tenue tête pour la première fois, je l'ai pris à part dans le stand de tir. J'étais encore trop douce, aujourd'hui, ce genre de remarque, je le fais devant tout le monde. Je lui ai dit 'Bai, tu as déjà tenu une arme entre tes mains  ? Est-ce que tu as déjà pointé une arme sur quelqu'un  ? Est-ce que tu as déjà senti que tu avais la vie de quelqu'un entre tes mains et que tu avais le pouvoir de décider si oui ou non cette personne continuerait de vivre  ? Tu as déjà réfléchi au fait que tu allais tuer quelqu'un, l'arracher à sa vie  ? Le jour où tu en arriveras là, tu pourras me tenir tête.' Elle n'a rien dit. Elle l'a fait. Elle m'a tenue tête, bien plus tard. J'aurais préféré qu'elle ne le fasse pas.  »

Kashi commença sa première année comme recrue, avec comme chef d'équipe une femme du nom d'Alena Stein, de cinq ans son aînée. Une femme qui la fit travailler plus que les autres parce qu'elle portait de grands espoirs en elle. C'est dans cette première année qu'elle rencontra son mari, Wolfgang Rosenhart, un autre chef d'équipe qu'elle rencontra lors d'une soirée entre équipes. Elle ne l'épousa que l'année suivante. Mais elle passa ses trois premières années à s'entraîner, à devenir la plus forte de son équipe avant de commencer à travailler avec son mari, et de partir en missions. Des missions qui se déroulaient autant en Belgique qu'en Allemagne mais également en Inde, son pays d'origine, en Chine ou encore au Japon. Tant de pays qu'elle découvrit par le biais de missions assez simple, d'interrogatoires et de prises de suspects, d'enquêtes par ci par là. Elle se découvrit des amis dans chaque bureau régional d'Interpol, mais Wolfgang et Alena restait ses meilleurs amis. Surtout Alena. Elle ne lui tenait jamais tête, non pas à cause de la différence d'âge, mais surtout parce qu'elle avait énormément de respect pour elle et pour ce qu'elle lui avait dit. Si seulement cette relation avait pu rester ainsi, si seulement le boulot avait pu rester le même, mais non.

« Trois ans de vie amoureuse, je sais pas si vous vous rendez compte, mais c'est énorme. Eh bien, je peux vous dire que ça part vite, mine de rien. Des mensonges, voilà ce qui tue un couple, et Interpol est très bon pour la création et la divulgation de mensonges, et entre eux, ça les a tués. Elle était perdue, elle s'est réfugiée chez moi. On a fait une erreur. Plusieurs fois. Beaucoup de fois. »

Tout bascula lorsqu'elle fit une mission en Inde. Son pays d'origine. Ils étaient à la poursuite d'un chef de gang, coincé pour un trafic de drogue beaucoup trop important pour être ignoré. La police du coin travaillait déjà sur le coup, mais avait besoin d'un coup de pouce. Ce n'était que trois agents : Bai Kashi, Stein Alena, et Sakaguchi Tanobu. Tanobu dirigeait les opérations, et ils devaient se rendre sur le lieu le lendemain. La soirée était calme, il était parti dormi, laissant Kashi et Alena au bar. Quelques boissons alcoolisées, une chambre d'hôtel confortable, une bouteille de champagne et un lit très vite défait. Le lendemain promettait d'être intéressant. Un hôtel, six étages, deux étages chacun, et Kashi se retrouva là où elle devait être. Elle avait une couverture, au cas où qu'elle se fasse repérer et qu'elle doive donner des explications, mais elle gardait son pistolet, au cas où. Elle se retrouva face au suspect, dans les toilettes du troisième étage. Elle le maîtrisa, sans soucis de par sa négociation facile et quelques mots comme quoi il y aurait un arrangement avec le procureur, une peine plus courte, et d'autres belles choses que l'on promet aux criminels pour qu'ils se rendent plus facilement. C'était sans compté sur l'ouverture de la porte des toilettes et l'entrée de quelqu'un qui n'était probablement pas censé venir ici. Le coup partit tout seul, dans la précipitation, dans la peur d'être découverte, que sa couverture soit mise au jour : la peur, l'adrénaline, la tension, l'angoisse. Et en quelques minutes, elle se retrouva avec son pistolet par terre, quelques traces de sang sur sa chemise blanche et un innocent, sur le sol. Ses deux supérieurs ne tardèrent pas à venir. Le crime était déjà commis, le mal était fait.

« Elle n'a jamais voulu ça. Elle avait peur. C'était sa première véritable mission où elle ne faisait pas juste du repérage. J'aurais dû savoir qu'elle n'était pas prête, mais elle paraissait si enthousiaste de pouvoir enfin aller véritablement sur le terrain et de pouvoir faire son boulot comme n'importe quel agent. Bien sûr, c'était un innocent à ses yeux. On a découvert plus tard qu'elle avait bien fait, mais le mal était fait, cette personne était un informateur qui allait justement prévenir notre suspect de notre présence. Et pendant un temps, ça a été la débandade. Le Bureau était furieux, on avait tué un innocent, elle avait tué un innocent. J'ai voulu prendre le blâme à sa place, mais.. Ce n'était pas moi qui avais tiré. Elle ne s'est jamais excusée parce qu'elle était terrifiée des conséquences que ça apporterait. Interpol la poussé vers la sortie, et lorsqu'elle est revenue, deux mois plus tard pour déposer son badge à la sécurité, elle a eu un entretien où j'étais présente, avec le directeur. Le dossier avait été ouvert, inspecté en long en large et en travers, on avait compris qu'elle n'avait pas tué un innocent, mais quelqu'un qui aurait pu foutre tout notre boulot en miettes. Interpol a essayé de lui dire qu'ils étaient désolés, et elle a encore dire qu'elle ne s'excuserait pas et qu'elle ne reviendrait pas. Elle était furieuse. Au fond, elle avait su, quand elle avait tiré que ce n'était pas un innocent, elle avait essayé de le dire parce qu'elle avait étudié chaque visage de chaque membre connu et vus en présence du cartel. Elle savait. Mais le bureau la juste foutu dehors comme une malpropre. Elle n'avait même plus confiance dans la police qu'elle avait défendue toute sa vie jusqu'à maintenant. »

L'année qui suivie l'incident fut construite d'éléments qui eurent tôt fait de détruire ce qu'elle avait construit pendant ses années à Interpol. Un divorce pour commencer, parce que les mensonges suffisaient et son mari avait découvert ses erreurs avec sa supérieure hiérarchique, et ne pouvait décemment plus regarder la femme qu'il aimait. Elle avait tout fait pour que ça marche, pour ne pas arriver au divorce, mais ça n'avait pas suffi. Elle coupa les ponts avec sa supérieure, et s'exila pendant quelques mois à Chennai, quittant Bruxelles pour rejoindre la maison de ses grands-parents. Après avoir réglé les problèmes de visa, de passeport qu'elle put enfin quitter Chennai, après avoir prit contact avec une de ses cousines qui lui donna les clefs en main pour rejoindre un lieu où elle pourrait vivre pour quelques temps ou pour le reste de sa vie : Xian. Une ville dont la fortification empêchait les entrées aussi faciles que dans les villes qu'elle avait toujours connue. Néanmoins, bien que ça cousine lui ait donnée quelques clefs, cela ne l'empêcha pas de payer le droit de passage. Sa cousine gérait l'administratif pour son entrée, et Kashi s'occupait de vider une bonne partie de ses économies gardées pendant ses années de service pour pouvoir donner l'argent et payer son entrée dans cette ville salvatrice, sa cousine lui donnant un coup de pouce au vu de la fortune familiale imposante qu'elle possédait.  Une ville qu'elle n'avait vue que par les photographies que lui envoyait sa dite cousine qui, elle, déménageait à Shanghai. Une ville qui lui apparaissait presque comme une oasis au milieu du désert dans lequel elle était plongée après les derniers événements. Elle se retrouva alors là bas, postulant après quelques semaines pour devenir Gardienne, pour pouvoir faire quelque chose de ses dix doigts, passant le concours sans problème. Elle voulait exercer ce qu'elle avait toujours fait et c'est comme ça qu'elle se retrouva à travailler pour le gouvernement de Xian. Elle devait se reconstruire et il n'y avait qu'en quittant tout ce qu'elle avait toujours connue qu'elle pouvait le faire. Ce n'était pas trop tard après tout. Et cette ville semblait véritablement propice à ce qu'elle puisse le faire, à ce qu'elle puisse reprendre goût à surveiller, à observer, qu'elle puisse redevenir l'agent qu'elle avait aimé être et ainsi protéger ceux qui en avaient le besoin.

« Après cette réunion, je ne l'ai revue qu'une seule fois, à Chennai. Je m'étais déplacée après avoir vu ses parents qui m'ont renseigné sur sa présence en Inde. Elle n'était pas chez elle quand je suis arrivée, elle était au temple du quartier. Je l'ai vue, à genoux devant une statue de Ganesha, son chien à ses côtés. Elle portait un sari bleu, un bindi et le piercing traditionnel au nez. Ses cheveux étaient magnifiquement tressés, elle était magnifique. Elle s'est levée, m'a dit quelque chose en hindi que je serais bien incapable de vous traduire et elle est partie. Je l'ai suivie, mais j'ai fini par retourner à mon hôtel. Quand je suis retournée chez elle le lendemain, ces affaires n'étaient plus là, tout comme elle et ses grands parents ont refusé de me dire quoi que ce soit. Elle n'était plus là, elle avait disparu. J'ai essayé de la retrouver, mais je n'ai probablement pas cherché là où il fallait. Mais qu'importe où elle est, elle mérite d'être laissée tranquille pour un temps et d'être peut-être enfin heureuse. »