La nuit était calme à l’hôtel, et l’idée de rester planquée dans ma chambre ne me convenait pas vraiment. J’avais donc flâné dans l’hôtel, ne sachant pas vraiment quoi faire. Mon boulot était presque fini, alors je m’étais dit qu’une soirée tranquille ne me ferait pas de mal. Finalement, l’ennui m’avait rattrapée. Maintenant, j’hésitais à entrer dans le bar de l’hôtel. Oh et puis mince, qui sait ? Peut-être qu’il y aura quelqu’un d’intéressant ? Poussant la porte, je m’avance vers le bar avant de constater qu’il n’était pas totalement vide. Liang, ici ? Voilà qui n’était pas pour me déplaire. En ce moment, j’étais heureuse de constater qu’il s’était adouci depuis notre rencontre, voire même se rapprocher.

« Bonsoir » dis-je à l’intention du barman. « Un mojito » Quand celui-ci s’éloigne, je me tournais vers le gardien. « Pas trop fatigué ? Il me semble que vous étiez de service hier soir. » Un nouveau sourire se dessine sur mes lèvres alors que je m’assois correctement sur le tabouret. Mon verre servi, je le porte à mes lèvres et en bois une gorgée. Le calme du bar et la proximité qui me sépare de Liang me rend bizarrement joyeuse, contrairement à mon état précédent proche de l’ennui total.

« Vous ne vous surmenez pas trop j’espère ? » Même si je restais très polie quand je parlais, il était évident que je n’allais pas me montrer familière tout de suite. Liang était un homme difficile à approcher et à dompter, si je puis dire. Même s’il commençait juste à s’ouvrir à moi, je marchais sur des oeufs en permanence. De plus, j’étais assez naïve pour croire qu’il s’intéressait réellement à moi, chose qui me flattait d’un côté. Malgré tout, quelque chose me disait que je ne devais pas totalement lui faire confiance. Mais que pouvait-il bien faire de toute manière ? Il n’oserait pas faire quelque chose contre moi. Du moins je l’espérais.

Lâchant un soupire, je regarde en face de moi, fatiguée et observai le visage du chinois. Comment pouvait-on avoir des traits si fins mais à la fois virils ? C’était complexe, comme Liang, et comme moi. Je ne pouvais pas me définir comme personne simple, alors comprendre quelqu’un comme lui n’était pas une mince affaire. Chaque fois que mes yeux croisaient les siens, une irrésistible envie de le faire mien, rien qu’à moi et personne d’autre m’envahissait. Les pulsions presque incontrôlables me hantaient depuis un moment maintenant. J’étais une réelle novice en matière d’amour, et si on me demandait si c’était du sérieux, je répondais que oui. Parce que je restais certaine que Liang était bien celui qu’il me fallait, et j’étais prête à tout pour le faire.

Rare était les soirs tranquilles où tu n'étais pas chargé de surveillance sur les remparts ou bien devant les portes de la ville. Ce genre de soirée que tu trouvais agréable, car elle te permettait de te reposer ne serait-ce qu'un peu et penser posément. Penser à comment tu allais pouvoir trouver le tueur de Chang Min, comment tu allais réussir à retrouver les personnes disparues afin d'aider Wang, particulièrement votre confrère qui s'était volatilisé et surtout à cette jeune dirigeante : Yoo Jin le diamant de Corée. Depuis que tu avais rencontré la ravissante demoiselle et que tu avais confirmé son identité, une idée avait germé dans ta tête. Une idée malsaine qui allait faire de toi un connard si la jeune dirigeante découvrait la machinerie que tu avais commencée à mettre en place avec elle. Jouer avec les gens pour ton seul intérêt personnel était quelque chose qui ne te gênait pas, surtout quand cela pouvait te permettre d'avancer davantage dans ton affaire personnelle. Oui, tu faisais cela en quelque sorte pour Chang Min, mais également pour t'élever un peu plus, toi qui n'étais dans le fond qu'un gardien qui même en étant Dragon Rouge n'avait pas tous les pouvoirs qu'il souhaitait. Des pouvoirs que les dirigeants possédaient.

Assis sur une des chaises du bar, tu faisais tournoyer le liquide ambré avec les deux glaçons à l’intérieur de ton verre. L’alcool n’était pas une boisson que tu aimais particulièrement, mais parfois tu avais tout simplement envie de boire comme ce soir. Arrêtant le mouvement de ton poignet, tu avalas cul sec le reste de ton whisky qui restait et tu en redemandas un au barman face à toi. Des pas dans ta réaction attira ton attention sans pour autant regarder qui arrivait. Un simple bonsoir prononcé indiqua l’identité de cette jeune femme qui venait d’arriver. Un simple sourire en coin, tu pris une nouvelle gorgée et lui répondit en regardant le contenu dans ton verre. « Ne vous inquiétez pas, je suis un homme solide mademoiselle Choi. » Puis ce n’est pas comme si ça ne faisait qu’un an que tu étais gardien, bien que tu n’étais que Dragon Rouge depuis quelques mois. C’était ton quotidien et tu t’y étais fait. Lâchant ton verre, tu tournas le visage vers cette demoiselle qui comme toutes les fois où tu l’avais croisé était toujours aussi bien apprêtée. « Que venez-vous faire en ces lieux ? Une soudaine envie de boire un verre pour noyer un quelconque souci ? En tout cas je ne m’attendais pas à vous voir dans ce genre d’endroit. C’est une agréable surprise. » Bien souvent les personnes venaient boire pour oublier ou noyer un chagrin, une peine qui leur était tombée sur le nez. Ou alors des personnes comme toi qui en avait tout simplement envie sans réelle raison particulière.

Ravie de le voir, je n’avais cependant pas envie qu’il le voit. Me comporter comme une ado en fleurs ? Non merci. Je remercie le barman lorsqu’il m’amène mon verre et en boit une gorgée, écoutant d’une oreille le beau gardien,  en une tenue plus décontractée, bien qu’un poil stricte. Posant mon verre, je tourne mon regard vers le sien avant de dire avec un demi-sourire. « Dure journée. » Et c’est tout. S’il était un temps soit peu intéressé par moi, j’avais envie qu’il me demande quoi exactement. Tout révéler d’un trait aurait été très ennuyeux.
Ramenant mes cheveux sur mon épaule, je fait tourner les glaçons dans mon verre avant de dire sans aucune gêne : « Et vous ? Plutôt pour avoir une ‘’agréable surprise ‘’ ou pour oublier quelque chose ? » La réponse m’importait peu, bien que je faisais mon possible pour qu’il fasse tomber ses barrières si difficiles à faire tomber. Une autre gorgée et je sens mon téléphone sonner, le nom de mon assistant basé en Corée qui devait me faire un rapport. Je reprends soudainement mon sérieux et décroche, me tournant légèrement pour ne pas déranger Liang. « Assistant Kim ? Oui, merci de m’appeler. Les documents pour la transaction ont été envoyés aujourd’hui, si vous les avez reçu, regardez pour l’accord et renvoyez moi la suite. Par contre, je ne peux pas vous parler maintenant, je suis…occupée. Bonne soirée ». Je raccroche et range mon téléphone après l’avoir mis en silencieux pour être certaine de ne pas être dérangée de nouveau dans cet espèce de rencard improvisé.
« Pardon, c’était impoli de ma part » dis-je en le regardant. Ce soir, j’espérais peut-être en savoir un peu plus sur lui, de sa propre bouche. J’étais toujours la première à m’ouvrir, et bientôt il me connaîtrait plus que moi je ne le connaissais. « Parlez-moi un peu de vous…Pour une fois ? » demandai-je avec une pointe d’innocence. « Vous n’êtes pas obligé de me dire absolument tout, juste…-je soupire avec un demi sourire- vous me connaissez plus que moi je ne vous connais. Vous ne trouvez pas ça trop injuste ? » Penchant légèrement ma tête, j’admire ses traits, prends le temps de les imprimer dans ma mémoire. Je me sentais vraiment stupide de craquer si facilement pour cet homme là en particulier. Des hommes, j’en avais une coupe à mes pieds, mais aucun ne m’avaient particulièrement fait ressentir ce petit truc que j’avais ressenti avec Liang. La Nature était vraiment étrange parfois. Je ne savais pas dans quelle direction j’allais me diriger, mais j’allais faire ce qu’il faut. Posant mes mains sur le comptoir, j’attends patiemment sa réponse, jouant avec les feuilles de menthes fraîches dans mon verre.

« Qui sait...? » Petit sourire en coin, tu bus une nouvelle gorgée de ce liquide ambrée, pur qui te brûlait doucement le gosier. Pourquoi étais-tu là ? En réalité c'était une bonne question, qu'est-ce qui se cachait derrière cette envie soudaine de boire un verre... même deux ? Tu n'avais besoin d'oublier quoique ce soit. Pour avoir une agréable surprise ? Peut-être. En tout cas, si la demoiselle attendait une réponse de ta part, tu restas vague comme toujours. Une sonnerie retentit, coupant votre conversation, sûrement encore le travail. Ton regard dériva pour regarder tout simplement le contenu de ton verre que tu remuas. Toi et les portables cela faisaient deux. Tu ne l'utilisais que dans le cadre du travail et rien d'autres. Bien que la technologie avait évolué au cours des années, tu n'en t'étais jamais intéressé. Oui, tu étais assez vieux jeu sur certaine chose.


Coup de fil enfin fini, tu la rassuras. « Ne vous excusez pas, je suis bien placée pour savoir que le travail est plus important que toute autre chose. » Être toujours disponible pour le boulot était quelque chose qu'effectivement tu connaissais bien. Toi qu'on pouvait appeler à tout moment pour aider tes chers confrères ou remplacer l'un d'eux indisponible pour x raisons. Ton sourire s'agrandit amusée par la jeune coréenne qui semblait être déçue du peu d'information qu'elle avait sur ta personne. « Est-ce injuste ?  » Ta voix était moqueuse, mais pas méchante. Tu la comprenais, elle ne savait que très peu de choses sur tout alors qu'elle se livrait un peu plus à toi, même si c'était banal. Toi tu restais fermé à toutes les questions qu'elle te posait en les esquivant comme tu avais tant l'habitude de le faire. Une façon pour toi en quelque sorte d'entretenir le mystère sur ta personne. « Seriez-vous intéressé par moi pour vouloir en savoir davantage sur moi mademoiselle Choi ? » Une question franche qui avait seulement pour but de voir sa réaction et non de la laisser répondre puisque tu enchaînas en te tournant un peu vers elle. « Xu Liang, trente-deux ans, dragon rouge, 'un mètre soixante-dix-sept, soixante-deux kilos, pointure 44 et je crois que c'est un peu près tout ce que j'ai à dire sur moi  » Bien sûr, cette réponse n'avait que pour but de faire rire, tu te doutais bien que ça ne lui suffirait pas c'est pourquoi tu lui proposas ensuite. « Je vous donne la possibilité de me poser une question, n'importe laquelle je vous répondrais.  » 

Cet homme était passionnant. Il arrive à me fasciner et à m’inciter à en vouloir toujours plus sur lui. Et puis, j’ai l’impression qu’il rentre enfin dans mon jeu. Je me demandais bientôt si ça valait encore la peine d’essayer de le séduire si mes tentatives restaient hors de cause. Un rire m’échappe lorsqu’il me fait la description détaillée de sa personne. Quand bien même je n’en demandais pas autant, je trouvais cela amusant qu’il puisse livrer sans état d’âme toutes ses caractéristiques. « Je vois…Merci ! » dis-je en gloussant légèrement de rire. Je bois une gorgée de ma boisson pour me calmer et reprendre mon sérieux, enfin au moins que j’arrête de rire comme une idiote.  Sa question franche me força à lever les yeux vers lui et de sourire en coin, avec un air joueur. « Il me semblait que c’était assez évident pour que vous le compreniez. Apparemment je n’ai pas été assez claire. » J’haussais mes épaules et fis la moue quand il m’imposa une seule question, que je m’empresse de négocier à deux. « Deux questions ! Une c’est peu ! ». Il ne pouvait pas discuter là dessus. Le marchandage c’était mon affaire et j’avais de très bons arguments pour appui. Ce n’était pas pour rien que je gérais l’argent de cette ville. Dès lors, je me concentre pour choisir au mieux les deux questions les plus importantes et surtout de bien les formuler:
« Avez-vous quelqu’un dans votre vie ? Si non, quel est votre type idéal ? »
Au moins, c’était direct, franc et on ne peut plus clair quant à mes intentions avec Liang. Même s’il me donnait du fil à retordre, je sentais récemment qu’il s’amusait, enfin qu’il était moins frigide qu’avant, et c’était un pas énorme. Naïve comme je suis, je m’imaginais dès lors plein d’autres choses dignes de bons dramas que je regardais à la maison. Mais c’était la réalité même et je ne devais pas agir comme une idiote. Toujours en le fixant, j’ai l’impression que le temps se fige pendant que j’attends sa réponse. Et de tout coeur, je me préparais à une quelconque réponse négative m’informant qu’il était bien seul. Si ce n’était pas le cas, je le prenais pour un playboy et un goujat. Certes, j’aimais bien flirter, mais pas avec un homme déjà engagé dans une autre relation. Je détourne enfin le regard afin de finir mon verre, sentant mes oreilles chauffer suite à l’audace de ma question qui a sûrement du le surprendre.  

Bingo ! Effectivement la jeune dirigeante semblait être intéressée par ta personne d'où sa curiosité de mieux te connaître et de sa détermination à ne pas abandonner face à ton attitude à fuir les questions qu'elle te posait. Tu n'étais pas un homme qui aimait parler de lui en général, mais si tu voulais continuer à jouer la carte de la séduction avec la belle, même si tu savais que tu l'intéressais, tu te devais lui accorder quelques réponses. De te dévoiler un peu plus, même si tu ne l'avais jamais fait. C'est pourquoi tu lui donnas la chance de te poser une question en sachant pertinemment que cela ne lui suffirait sûrement pas. Une stratégie pour toi qu'elle ne te demande pas plus de deux questions et d'ailleurs c'est ce qu'elle te demanda. « Marché conclu. Je vous accorde deux questions. »  Tu étais bien curieux de ce qu'elle allait bien pouvoir te demander, toi l'homme mystérieux à la vie plus ou moins compliquée.

Les deux questions qu'elle te posa te surprit. Est-ce que tu t'attendais à ce genre de questions ? Honnêtement non. Cette demoiselle était vraiment franche et ne passait pas par quatre chemins pour faire comprendre ces attentions. Tu te demandais si dire la vérité sur ta situation était la meilleure ou la plus mauvaise chose à faire. Finissant ton verre, tu pris finalement une décision et lui répondit tout d'abord à sa deuxième question : « Mon type idéal... Hmmm laissez-moi réfléchir... Les grands bruns aux traits fin ? » Bien sûr ce n'était qu'une petite blague juste pour taquiner un peu plus la jeune coréenne. « Plus sérieusement, je n'ai pas réellement de type idéal, mais disons que je préfère les femmes qui savent ce qu'elles veulent et qui ont du caractère. »  Ce qui semblait être le cas de la jeune femme, en tout cas du peu qu'il avait vu d'elle. Après plus qu'une réalité, tu avais dis cela comme ça, car tu ne t'étais jamais réellement posé cette question. Les femmes étant pour toi, juste un moyen d'éloigner ta fiancée Qiao de toi.

« Pour ce qui est de si j'ai quelqu'un dans ma vie, on va dire que je suis dans une situation plutôt compliqué. »  Oui être fiancé à une femme qu'on ne considère pas plus qu'une petite-soeur était une situation plutôt compliqué pour toi, surtout que ces fiançailles n'avaient pas été décidé par vous deux, mais par vos paternels respectifs, ami de longue date. « Je suis fiancé à une femme que je n'aime pas. Décision que mes parents ont pris sans mon consentement quand j'étais jeune. » Tu avais décidé de dire la vérité, toute façon intelligente comme elle était, même si tu pouvais être un excellent menteur, elle serait capable de vérifier tes paroles. « Si vous êtes curieuse de savoir si je respecterais la promesse que mon père à fait à celui de ma fiancée. Je vous répondrais que non. S'il y a bien une chose dont j'ai horreur c'est qu'on décide de mon avenir pour moi.  » C'est d'ailleurs pourquoi tu avais décidé de devenir gardien, un métier contraire à ce que ton paternel avait prévu pour toi.

J’écoutais chaque paroles qu’il prononçait avec attention, mon coeur battant assez vite pour que j’en ai le souffle coupé lorsqu’il répondit à mes deux questions. Mes doigts se pressèrent contre le verre, alors que j’hochais la tête, essayant de retenir mon sourire peut-être trop évident. Mais il était clair qu’il avait capté mes intentions depuis le début. Il n’était pas assez bête pour ne pas le remarquer. Puis, il parla de cette espèce de ménage que je ne connaissais que trop bien. Mon humeur fut légèrement gachée et quand il parla d’avenir, je fronçais les sourcils.
« Je comprends. Si je n’avais pas suivi les traces de mon père, je ne serai pas ici. Mais je n’ai pas eu le choix. Vous avez du courage de vous être levé face à lui. Je…N’ai pas pu.»
Portant mon verre à mes lèvres, je bois une longue gorgée et posais mon verre bruyamment sur le comptoir. C’était un sujet sensible dont je n’avais pas envie de parler maintenant avec lui. Les secrets de famille devaient le rester encore un moment, et quant à sa fiancée, je me demandais bien à quoi elle ressemblait. Il était fort possible que je la rencontre à un moment où un autre, alors cette idée me mis en rogne, mais je ne le montrais pas histoire de ne pas montrer mes expressions trop facilement.

« Je connais bien cette situation. Moi aussi j’ai un fiancé, que je n’ai pas choisi évidemment » dis-je avec un certain rire ironique. « Il s’appelle Lee Won, c’est un des meilleurs partis en Corée du Sud. Et il est en ce moment même  à Xian à me traquer comme un vulgaire gibier. Il fait assez peur, je dois le dire… Si vous le croisez, méfiez-vous en. Je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose. C’est un homme dangereux et dans des domaines plutôt sombres.» Rien que de penser à lui, une sorte de frisson me parcourut et je me raclai la gorge.
« Néanmoins, il ne m’aura pas si facilement. J’aurais juste aimé qu’il me laisse tranquille à Xian, pour l’instant je ne l’ai pas revu. »
Je tourne mon regard vers lui et pour une fois, je le regarde avec calme, sérieux et aucune once de niaiserie. J’étais capable d’être mature et faire preuve de calme dans les moments où il fallait.
« Nous sommes dans des relations étranges… » marmonnai-je en regardant de nouveau en face de moi. En effet, si j’avais su dès le départ qu’il avait une fiancé, j’aurais peut-être abandonné, mais il était trop tard. J’avais développé cette espèce d’obsession envers lui, quelque chose qui me poussait à en savoir d’avantages, de savoir que j’étais une femme qui lui plaisait aussi. C’était presque hystérique, mais pas à ce point.
Je fais tourner un glaçon distraitement dans mon verre, seul la musique d’ambiance du bar meublant la conversation.
« Au fait, merci pour votre présent pour mon anniversaire. J’ai été ravie que vous soyez venu »   

Tu haussas les épaules. Tu ne sais pas si réellement c'était du courage de t'être dressé face aux décisions que ton père avait prises pour toi, mais en tout cas c'était un choix que tu avais fait ne souhaitant pas vivre une vie déjà toute tracée par tes géniteurs. Ta vie était tienne et c'était à toi de choisir ce que tu voulais faire plus tard et avec qui tu te marieras, même si pour ce dernier point tu ne te voyais pas forcément finir ta vie avec quelqu'un. Mais qui sait, tu trouveras peut-être la perle qui te fera changer d'avis. Tu l'écoutas attentivement, tout comme toi, la jeune femme avait un fiancé, chose qui dans le fond ne t'étonnait pas au vu de son statut social bien plus élevé que le tien. « Cela nous fait un point en commun. On a tous les deux un fiancé et une fiancée qu'on n'a pas choisi. »  Voir même de collant d'après ce qu'elle disait de ce Won. En tout cas savoir qu'elle avait un fiancé ne t'était pas bénéfique même si elle ne semblait pas du tout intéressée par lui, mais par toi. Fin sourire sur les lèvres tu acquiesças d'un simple. « Très étrange. » 

Ton verre vide, tu ne redemandas pas un autre, poussant juste le verre de coté où les glaçons n'avaient plus que la taille que de deux tout petit iceberg. « Il était normal que je viennes... Après tout nous ne sommes plus des étrangers mademoiselle Choi. » En effet, si tu ne l'avais pas connu, tu n'aurais même pas pointé le bout de ton nez à sa fête d'anniversaire, trouvant sûrement mieux à faire comme bosser sur tes missions et celles de Wang pour l'aider entre la disparition de la prostituée et celle du gardien. « J'espère qu'il vous a plu, j'avoue ne pas être très douée pour les cadeaux. » Non tu n'étais pas spécialement doué pour savoir ce qui ferait plaisir à quelqu'un, si ce dernier ne te le disais pas. Étant donné qu'elle était une fille, tu avais pensé à lui acheter un bijou, chose que toutes femmes aiment en règle général, mais pour te distinguer des bagues, colliers, bracelets, tu avais tout bonnement décidé de lui offrir un bijou pour orner sa belle chevelure noire. « J'avais également un deuxième cadeau à vous offrir, mais je souhaitais vous l'offrir en privée... » Petit sourire taquin sur les lèvres, tu l'as regarda dans les yeux avec tes deux prunelles sombres. Oui tu avais préparé également un deuxième cadeau pour la demoiselle, mais le lui offrir avec le monde qu'il y avait autour d'elle le jour de son anniversaire avait été tout bonnement impossible. Puis tu n'aimais pas spécialement te montrer en spectacle surtout pour ce genre de présent. « Mais je ne sais pas si je vous le donnerais tout de suite. Je vais voir si vous le méritiez au cours de cette soirée en tête-à-tête. » Oui tu voulais la faire languir de savoir ce que tu allais bien pouvoir lui offrir. Tu avais envie qu'elle s'imagine tout un tas de choses dont peut-être l'une serait exacte. Oui tu voulais jouer un peu, être taquin chose qui pour le coup n'était pas aussi calculé que tes autres attitudes à son égard depuis que tu avais décidé de la séduire.

« Il est vrai que nous ne sommes plus des étrangers, sinon je ne serai pas là, à boire un verre avec vous » dis-je en buvant la dernière gorgée de mon mojito tout en le fixant. Sa présence à mon anniversaire avait été une preuve qu’il me considérait plus qu’une dirigeante, enfin plus qu’une relation d’une dirigeante à un gardien. Même si nous étions sur un jeu sordide de mots et de regards, j’aimais jouer avec Liang. Ce côté joueur lui donnait un air plus chaleureux, et parfois je me demandais si j’étais la seule à le voir ainsi. Peut-être pas, Wang devait mieux le connaître. Après tout, je n’étais ici que depuis deux ans.

Les paroles de mon homologue m’interpelèrent. Mon souffle fut coupé, et ma curiosité quant à ce fameux deuxième cadeau n’était certainement pas discrète. En privé ? Pourquoi donc ? Je me mord la lèvre inférieure, laissant mon verre de côté. Mon regard s’accroche au sien, explorant les abysses de ses prunelles mystérieuses et à la fois chaleureuses. Quelque part, il l’était malgré sa carapace impénétrable dont j’avais eu tant de mal à percer. Malgré tout, mes efforts payaient puisqu’il se permettait même de jouer avec ma patience et mes sentiments.
« Vous êtes plutôt cruel » soufflai-je sur un ton boudeur, avant de lâcher un rire. « Très bien, je vais essayer de me montrer à la hauteur, puisque je dois le dire, je suis curieuse ». Je croise mes jambes, tout en me questionnant sur la nature de ce cadeau.

« Et…Que dois-je faire pour être méritante ? » demandais-je simplement. Je n’allais pas me comporter à l’aveugle sans savoir dans quoi je m’embarquais exactement, même si ironiquement, c’était exactement ce que je faisais avec le Dragon Rouge depuis des mois déjà. Plus je m’aventurais à découvrir chaque facette de sa personnalité, plus je m’égarais en lui. Il était surprenant, et c’était cela qui me poussait à vouloir le connaître toujours et encore. Mettant le verre à part, je lui adresse un léger sourire. « Vous êtes déstabilisant…Je ne sais pas sur quel pied danser, et c’est…vraiment quelque chose que j’ai du mal à faire. Le contrôle …Ou du moins la perte de contrôle ». Après tout, j’avais l’habitude d’avoir tout sous la main, de pouvoir faire ce que je voulais, mais Liang ne me permettait pas de prendre mes marques habituelles. Mais ça me plaisait.

Comme tu t'y attendais ce deuxième cadeau venait de titiller la curiosité de la jeune dirigeante. Tu ne dérivas pas le regard lorsqu'elle plongea ses prunelles dans les tiennes sûrement à la recherche d'un indice que tes yeux pourraient donner. Après tout, les yeux sont les miroirs de l'âme et peut-être de la pensée également. Même si c'est le cas, elle ne trouverait rien, car tu étais plutôt très douée pour cacher tes intentions, tes secrets, ta vie. À moins que tu décides seules de tout révéler ou que tu fais preuve de faiblesse. Ton sourire s'élargit alors qu'elle te traitait de cruel de garder ce mystère tant que tu ne la jugeais pas méritante de le savoir. Oui cela t'amusait et même si chaque chose était préméditée, tu passais sûrement l'une des soirées les plus agréables depuis la mort de Chang Min. Une des plus agréables avec une femme, même si ton objectif était réellement de la séduire pour pouvoir mieux l'utiliser après. Il y avait un petit quelque chose en elle qui sans mentir t'attirait, c'était comme si un petit jeu s'était installé entre vous presque naturellement. Un jeu dans lequel tu sortirais vainqueur... Enfin c'est ce que tu pensais pour le moment, car la réalité des choses allaient être tout autre.

« Si je vous le dis, c'est bien trop facile. Vous ne croyez pas ? » Tu ne comptais effectivement pas l'aider, tu avais envie de la voir se débattre encore à ne pas savoir où aller avec toi. Ces paroles étaient flatteuses pour toi, être un type déstabilisant sur qui on ne pouvait avoir le contrôle, ne serait-ce même qu'un peu. « Je vous remercie de ce compliment. Effectivement je ne suis pas un homme facile à dompter.  » À dompter, ni même à apprivoiser, car t'approcher n'est pas chose facile. En réalité, si tu ne voyais pas en la coréenne une aide potentielle pour toi, tu n'aurais sûrement pas fait attention à ses avances et l'aurait juste ignoré froidement. Ou alors l'utiliser juste une fois comme toutes les autres demoiselles d'une nuit pour juste éloigner Qiao de toi. Oui, tu étais un connard et tu l'assumais pour le moment très bien.

« Vous aimez pouvoir tout gérer, mais malheureusement avec moi vous n'y arrivez pas. Si cela peut vous rassurer, personne est capable de me contrôler, même à l'époque où j'étais jeune gardien. » Même si tu as toujours été un bon élément même jeune, tu étais tout de même un peu rebelle avec tes supérieurs, car cette sensation d'être dirigé était vraiment quelque chose dont tu avais horreur. Tu préférais être celui qui donne les ordres que celui qui les suit... Bon avec l'âge, tu avais quand même appris à suivre certains notamment celle qui était encore au-dessus de toi-même encore maintenant. « Je pense être un vrai challenge pour vous mademoiselle Choi. » Un challenge où elle risquait d'y laisser les plumes.